CHOIX D'INVESTISSEMENT

Choix d’investissements 



La décision d’investissement est une décision très importante qui
présente un caractère stratégique car elle va engager le devenir
de l’entreprise sur le long terme. Il est possible de classer les
investissements de plusieurs manières. On peut ainsi distinguer
les investissements de remplacement, les investissements
d’expansion, les investissements stratégiques (R & D, acquisitions
de sociétés, etc.), les investissements humains et sociaux, etc.

Toute décision d’investissement doit être précédée par une étude dont
le but est de fournir les éléments permettant de se prononcer sur
l’opportunité et la faisabilité financière du projet. L’opportunité du projet
implique un diagnostic externe et interne de l’entreprise et dépasse le
cadre strictement financier. Quant à sa faisabilité financière, elle
dépend de la rentabilité qu’elle est susceptible de générer. Pour
apprécier une telle rentabilité, il importe de connaître au préalable
les différents flux que le projet générera.

I. Evaluation des flux liés à un projet
Tout projet d’investissement génère des flux de ressources et
d’emplois. Ces flux doivent être recensés de façon exhaustive
pour étudier la rentabilité du projet.

I.1 Evaluation des emplois
Les emplois liés à un projet d‘investissement sont représentés
par le coût de cet investissement. Ce coût a deux composantes :
 le coût initial : il s’agit d’une part des dépenses d’acquisition
et de mise en état de marche des équipements (dont la
connaissance est généralement aisée) et d’une part, de
l’accroissement du besoin en fonds de roulement généré
par l’investissement.
 les dépenses ultérieures : dépenses de réinvestissement
(gros entretien, changement de certains d’équipements,
accroissement du besoin en fonds de roulement, etc.).

I.2 Evaluation des ressources
Les ressources sont de deux sortes elles aussi :
 -Il y a d’abord les flux d’exploitation du projet. L’évaluation de
ces flux se fait par l’estimation du surplus monétaire généré par
le projet. Il s’agit donc de la CAF du projet qui doit être calculée
par période;
-il y a ensuite la récupération des investissements : récupération
de la valeur résiduelle des équipements (avec prise en compte
des incidences fiscales) et des besoins en fonds de roulement à
la fin du projet. En cas de cession de certains équipements ou la
baisse du besoin en fonds de roulement avant la fin du projet, il
faut évidemment tenir compte de ces ressources aux dates où
elles interviennent.

I.3 Synthèse des flux
La synthèse des flux financiers prévisionnels se fait dans un tableau
de ce type.

Tableau 1 : Tableau des flux financiers prévisionnels d’un projet
d’investissement :

Les flux liés à un projet d’investissement (notamment les flux
d’exploitation) doivent être évalués sans tenir compte de l’incidence
du mode de financement. Les résultats de la théorie financière
établissent en effet qu’il faut séparer les décisions d’investissement
des décisions de financement. Il faut donc évaluer d’une part les flux
liés au projet (pour déterminer la rentabilité économique du projet) et
d’autre part les flux liés à son financement (pour déterminer le coût
du financement).

II Critères de choix des investissements en avenir certain
Il n’est pas normal en principe de parler de choix d’investissements en
avenir certain puisque l’avenir est par définition aléatoire et incertain.
Les méthodes regroupées dans cette catégorie présentent simplement
la particularité de ne pas tenir explicitement compte de l’incertitude qui
pèse sur l’avenir et de faire l’hypothèse que les flux peuvent être
prévus avec certitude. On distingue les méthodes non actuarielles et
les méthodes actuarielles.

II.1 Les méthodes non actuarielles
On peut citer dans cette catégorie le taux de rendement comptable et
le délai de récupération.

II.1.1 Taux de rendement comptable
Cette méthode a peu de fondements théoriques. Elle aboutit à la
détermination d’un taux de rentabilité moyen à partir de chiffres
comptables. Ce taux de rentabilité moyen comptable est encore
appelé Return Over Investment (ROI). Il se calcule de la façon
suivante :
Taux de rentabilité moyen :
= Bénéfice Net Moyen / Investissement Net moyen

Le bénéfice net moyen correspond à la moyenne des résultats
comptables sur la durée de vie du projet.

L’investissement net moyen est égal à la moyenne des investissements
(valeur comptable) au début de chaque année sur la durée de vie du
projet. On a donc :
Investissement Net n :
= Valeur Nette comptable Début n + BER Début n

Ce critère présente l’inconvénient de travailler sur des flux comptables
(et non financiers). et de ne pas tenir compte de l’incidence du temps.

Face à des projets exclusifs, on retient celui dont le taux de rentabilité
moyen est le plus élevé.

II.1.2 Délai de récupération
La méthode consiste à calculer la durée nécessaire pour la
récupération de l’investissement initial. C’est donc la durée
à l’expiration de laquelle la somme des CAF égale le montant
de l’investissement initial (on ne tient pas compte du BFR dans
l’investissement initial, puisque la date de récupération de celui-ci
est connue et est généralement la fin du projet). Pour un
investissement ayant des CAF constants, le délai de récupération
(Pay-Back Period) peut se calculer ainsi en nombre d’années :
Délai de récupération = Investissement initial / CAF annuel

Cette méthode présente elle aussi l’inconvénient de ne pas tenir
compte de l’incidence du temps. Elle correspond plus à une
préoccupation de liquidité et donne ainsi une idée du risque financier
du projet. Ce qui justifie le fait qu’elle est encore très répandue dans
les entreprises. Elle n’intègre pas la rentabilité de l’investissement.
Les flux ultérieurs au délai de récupération sont ainsi ignorés, d’où
une pénalisation des projets dont l’essentiel des cash-flows se
concentre en fin de durée de vie. Sur la base de ce critère, il faut
retenir le projet qui a le délai de récupération le plus court.

II.2 Les méthodes actuarielles
Ces méthodes prennent en compte la dépréciation de l’argent dans le
temps. En effet, il n’est pas équivalent d’encaisser M aujourd’hui et M
dans un an. Parmi les éléments qui font que cette équivalence n’est
pas vérifiée, il y a en premier lieu l’inflation, ensuite il y a un coût
d’opportunité car en encaissant M aujourd’hui, on peut le placer et
on aura donc (M + Intérêts) dans un an. D’où :
M0 aujourd’hui est équivalent à M1 :
= M0 + i.M0 = M0 (1 + i) dans un an.
Avec i = taux d’intérêt,
Autrement dit, M0 est la valeur actuelle de M1 :
M0 = M1 / (1 + i) et on dit que i est le taux d’actualisation.

Les deux méthodes qui sont présentées ci-après taux de rentabilité et
encaissement net reposent sur cette logique de l’actualisation.

II.2.1 Taux de rentabilité
Le taux de rentabilité d’un projet est le taux r tel que la valeur
actualisée des flux de ce projet soit nulle. A partir des flux déterminés
dans le tableau de synthèse ci-dessus. On a donc :
Avec t : taux de rentabilité du projet.

-Le taux t peut être déterminé par interpolation linéaire, mais les
calculatrices financières et les tableurs permettent un calcul aisé
dudit taux. Il vous est donc recommandé de recourir plutôt à
ces moyens.
- Lorsque les flux sont calculés sans tenir compte le l’incidence
du financement, le taux r est le Taux de Rentabilité Interne (TRI).
Ce taux représente alors la rentabilité économique du projet.
Dans ce cas, un projet n’est acceptable que si son TRI est supérieur
à son coût de financement (coût du capital). Le coût du capital est
égal à la moyenne pondérée des coûts effectifs des différents modes
de financement.
-Lorsque les flux sont calculés en tenant compte de l’incidence du
financement, le taux r est le Taux de rentabilité des fonds propres
investis dans le projet. Ce taux représente alors la rentabilité
financière du projet et intègre par conséquent un effet de levier
le cas échéant. Avec cette démarche, un projet n’est acceptable
que si le taux r est supérieur au taux de rentabilité exigée par les
actionnaires (coût des capitaux propres).

II.2.2 Encaissement net (ou Valeur actuelle nette)
L’encaissement net procuré par un projet d’investissement est
représenté par la valeur
actualisée de tous ses flux. Cette somme appelée Valeur Actuelle
Nette (VAN) est égale à la différence entre les ressources actualisées
et les emplois actualisés. A partir des flux déterminés dans le tableau
de synthèse ci-dessus, on a donc :
Avec c: coût de financement du projet

Le coût du financement à prendre en compte varie selon que les flux
ont été déterminés avec ou sans incidence du financement. Lorsque
les flux sont calculés hors incidence du financement, le taux
d’actualisation c à retenir est le coût du capital. Dans le cas où les flux
sont déterminés avec prise en compte de l’incidence du financement,
le taux à retenir correspond au coût des capitaux propres.
Dans tous les cas, un projet n’est acceptable que s’il offre une
VAN positive.

II.2.3 Le traitement de l’inflation
Jusqu’à présent, nous n’avons pas évoqué explicitement le problème
de l’inflation. Lorsque le taux d’inflation est tel qu’il peut influer de façon
significative sur l’analyse, il faut l’intégrer dans l’étude. Deux principales
méthodes peuvent être utilisées.
-La première consiste à travailler en dirhams constants. Tous les flux
courants sont donc transformés en dirhams constants à partir de la
relation suivante :
M dirhams constants = M dirhams courants / (1 + taux d’inflation)
Après cette transformation, on peut appliquer l’une ou l’autre des
méthodes ci-dessus exposées en utilisant un taux d’actualisation réel.
-La deuxième alternative consiste à travailler avec des dirhams
courants. Mais un taux d’actualisation nominal.
Si l’on désigne par t le taux nominal. r le taux réel et i le taux d’inflation.
On a la relation suivante :
(1 + t) = (1+ r) x (1 + i) = 1 + r + i + (i x r) ⇒ t = r + i + (i x r)
Compte tenu du fait que la quantité (i x r) est généralement très faible,
on peut retrouver la simplification suivante dans la littérature : t = r + i

II.2.4 L’étude des alternatives incomplètes
Lorsqu’il faut classer, plusieurs projets. On peut se retrouver face à
des alternatives incomplètes : les montants investis ne sont pas les
mêmes ou les durées de vie ne sont pas identiques.
Lorsque les montants investis ne sont pas les mêmes, plusieurs
solutions peuvent être utilisées :
-Le critère de la VAN maximum. Ce critère ne tient pas
compte du capital investi ;
-Le critère de l’indice de profitabilité (ou indice de rentabilité)
par rapport à la VAN, cette méthode présente l’avantage de
fournir des valeurs relatives et non absolues, prenant donc
en compte le capital investi ;
-La dernière méthode (qui est préférable à celles ci-dessus)
consiste à considérer que la différence entre les montants
investis dans chaque option sera utilisée par ailleurs. Le
rendement de l’utilisation de cette différence est alors pris
en compte pour l’évaluation de la rentabilité du projet le
moins cher.
Lorsque les durées de vie ne sont pas identiques, deux solutions
sont possibles : 
-l’étude est faite sur la durée de vie du projet le plus court.
On prend donc en compte la valeur probable de cession
des équipements du projet le plus long à l’expiration de la
durée de vie du projet le plus court;
 -l’étude est faite sur la durée de vie du projet le plus long.
Dans ce cas. On considère les possibilités de réemploi des
fonds dégagés à la fin du projet le plus court jusqu’à
l’expiration du projet le plus long.




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